Extrait les Jeux des etoiles

LES JEUX DES ETOILES

Trevor Janssen fit un geste de la main, et les murs se couvrirent d’un paysage de prairies verdoyantes parsemées de trainées de jonquilles jaune vif. Un spectacle idéal pour un réveil en douceur, qu’accompagnaient les notes légères du Clair de lune de Debussy. Rien n’égalait l’impressionnisme musical, à ses yeux.
Il aimait démarrer sa journée avec quelques pas dans l’herbe fraiche. Il avança jusqu’au tapis VR dynamique et se retrouva comme en pleine nature. L’air était empli de notes fleuries et il pouvait sentir la fraicheur du sol sous ses pieds nus. Il s’étira tout en marchant dans la prairie, le nez au vent. Puis il sentit la faim le rappeler à la réalité.
– Retour zéro.
Le décor disparut et il se retrouva dans sa cuisine.
La tasse de bouillon de crevettes l’attendait déjà. La lumière du jour filtrait par la baie vitrée du salon, et il fit quelques pas pour mieux apprécier la vue depuis son 117ème étage.
Les jardins suspendus en contrebas distillaient des parfums de muguet et de jasmin délicatement dosés. Les tours élégantes s’élevaient harmonieusement parmi les bosquets de magnolias et de flamboyants dispersés au milieu de bassins d’eau scintillante.
Il appréciait cette vision apaisante, qui lui procurait la sérénité et la concentration nécessaires à sa longue journée de travail.
Seuls quelques rares engins volants étaient visibles dans les couloirs de vol. Il était encore tôt, et il arriverait au Praesidium sans encombre.

Il acheva rapidement de se préparer, puis se dirigea vers son véhicule garé dans le parking des navettes.
– Bonjour Monsieur Janssen. A votre lieu de travail, comme d’habitude ?
La voix masculine reflétait l’assurance et le sérieux. Il lui arrivait de véhiculer des collègues de travail, et il n’aurait jamais choisi une voix féminine sensuelle comme certains. Sa position de conseiller spécial auprès du Praesidium nécessitait du professionnalisme à tout instant. S’il voulait se lâcher un peu, il avait son ami Gary.
– Oui, au Praesidium.

La réunion de ce matin était importante. Les six membres du Comité des transports planétaires souhaitaient faire une revue budgétaire de leur département. Comme à l’accoutumée, les dépenses seraient jugées excessives, et l’on prendrait des mesures d’économies. Mais cette fois, il semblait que des coupes sévères soient en discussion.
L’engin perdit de l’altitude et s’approcha d’un vaste bâtiment en forme de donut, fait d’acier et de fibre de verre, suffisamment grand pour abriter les 4000 employés du Praesidium. Toutes les décisions concernant la gestion des huit planètes étaient prises ici, et être l’un des rouages du système constituait un motif de fierté pour Trevor.
Il sortit de son drone et se dirigea vers les ascenseurs, son lieu de réunion étant trop éloigné pour s’y rendre à pied. Il entra dans une cellule libre, et s’assit. Les parois se refermèrent sur lui, et un plan des lieux s’afficha devant ses yeux. Mais il connaissait sa destination par cœur.
Il ne connaissait que les quelques marchands qui venaient avec leurs chariots. Il aurait bien aimé visiter leur contrée – pleine de fruits et de légumes et de zones d’eau transparente – mais il n’avait pas le droit d’y pénétrer. Les habitants des collines, avec leur cube aux reflets bleus, avaient par contre le droit de pénétrer dans leur territoire. Mais on ne les voyait presque jamais.

Format livre de poche ou e-book – 288 pages