Extrait du roman

Les rescapés de NewHope 5

Roman post-apocalypse

En ce début novembre, les touristes de passage à Réthymnon se faisaient rares. La station balnéaire crétoise retrouvait enfin son calme, après l’animation de l’arrière-saison.
Stavros regardait tristement la pluie tomber à grosses gouttes dans la rue déserte. Du seuil du restaurant, il scrutait les environs, espérant toujours qu’un client retardataire franchirait le seuil du Nostimo.
Son patron avait décidé de laisser le restaurant ouvert encore plusieurs jours. Mais les quelques couverts qu’il faisait le soir ne devait pas suffire à rentabiliser l’établissement.
Le serveur reporta son attention sur l’unique client du restaurant. Un quinquagénaire, qui n’avait pas quitté sa casquette et qui scrollait sur son téléphone tout en dégustant ses fruits de mer. Souvlaki en brochettes, salade de poulpes, le tout accompagné d’une bouteille de raki…c’était le menu typique du touriste. Mais après tout, c’était pour ça qu’ils venaient tous, et c’est ce qui lui permettait de se faire un peu d’argent.
Un peu était le mot juste. Heureusement, certains touristes complétaient sa modeste paye avec un pourboire. Mais ce n’était pas fréquent.
Il se demanda quelle chance il aurait avec celui-là. Il avait essayé d’engager la conversation avec lui mais il avait une préférence pour son écran, assurément. Il estima la probabilité à 30%.
Le client finit enfin son plat et repoussa l’assiette.
– Un dessert, un café ? proposa Stavros.
– Un café grec, merci.
Le serveur s’éloigna et se mit à la préparation du café. Eau, sucre, café moulu…il avait fait ça des centaines de fois. Il posa le briki sur la gazinière, et le mélange commença à bouillonner.
Il retirait la cafetière du feu, lorsqu’il sentit que la poignée lui échappait des mains. Le briki s’étala par terre avec son contenu, éclaboussant le carrelage.
Il jeta instinctivement un regard vers le client, mais celui-ci restait absorbé par son écran.
Une chance, se dit-il. Il remit le ménage à plus tard et entreprit de faire un nouveau café. L’opération se déroula normalement cette fois, et il put s’occuper des dégâts pendant que le consommateur sirotait son breuvage.
Il observa le briki dont l’anse s’était brisée. La poignée semblait s’être effilochée, et non pas cassée brusquement. Il observa les débris et constata qu’ils s’effritaient sous ses doigts. Il se tourna vers l’autre cafetière, et gratta la poignée avec son ongle. Des petits morceaux se détachaient, et de minuscules alvéoles semblaient s’être formées dans le matériau. Il resta interloqué, se demandant d’où pouvaient venir ces défauts.
Il faudrait rapidement qu’il en parle à son patron.